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Baudelaire - A celle qui est trop gaie


    Composé et interprété par le groupe de St Pierre et Miquelon DODE



Charles Baudelaire (1821-1867)


A celle qui est trop gaie

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l’esprit des poètes
L’image d’un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t’aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J’ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j’ai puni sur une fleur
L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l’heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma soeur !



Ecouter une autre version chantée
Interprétation : Georges Chelon
Composition : Georges Chelon
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter une autre version chantée
Interprétation : Léo Ferré
Composition : Léo Ferré
- Diffusé par DEEZER -

Baudelaire - Le voyage


    Composé et interprété par le groupe de St Pierre et Miquelon DODE



Charles Baudelaire (1821-1867)


Le voyage

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

...

Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Dites, qu’avez-vous vu ?

Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

...

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !



Musset - Rappelle-toi


                George Sand par Musset

Ecouter sur DEEZER
Interprété par
Georges Regis




Alfred de Musset - (1810-1857)


Rappelle-toi

Vergiss mein nicht
Paroles faites sur la musique de Mozart


Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive
Ouvre au Soleil son palais enchanté ;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
Passe en rêvant sous son voile argenté ;
A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite,
Aux doux songes du soir lorsque l’ombre t’invite,
Ecoute au fond des bois
Murmurer une voix :
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, lorsque les destinées
M’auront de toi pour jamais séparé,
Quand le chagrin, l’exil et les années
Auront flétri ce coeur désespéré ;
Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême !
L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime.
Tant que mon coeur battra,
Toujours il te dira
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours dormira ;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement s’ouvrira.
Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle
Reviendra près de toi comme une soeur fidèle.
Ecoute, dans la nuit,
Une voix qui gémit :
Rappelle-toi.



De Baif - Vous me tuez si doucement


      Jean-Antoine de Baïf par Guillaume Tabourot

Ecouter sur DEEZER
Interprétation :
Choeur de chambre de Rouen
Composition : Jacques Mauduit




Jean-Antoine de Baïf - (1532-1589)


Vous me tuez si doucement

Vous me tuez si doucement
Avecque tourmens tant bénins
Que ne sais chose de douceur
Plus douce qu'est ma douce mort.
S'il faut mourir, mourons d'amour.

Si glorieux je suis d'aimer
Et tant satisfait, tant heureux
Que je prise un de mes ennuis
Cent mille biens d'une autre main.
S'il faut mourir, mourons d'amour.

Puisque si doucement je meurs
Avecque tourmens tant bénins
Je ne cherche aucune douceur
Plus douce qu'est ma douce mort.
S'il faut mourir, mourons d'amour.



Du même auteur :
À Francine
O ma belle rebelle
Revoici venir du printemps
Une puce j’ai dedans l’oreille
Vivons mignarde
Vous me tuez si doucement

Machaut - Plus dure qu'un dyamant



Ecouter sur DEEZER
Interprète : The Unknown Lover
Compositeur : Guillaume de Machaut




Guillaume de Machaut - (vers 1300-1377)


Plus dure qu'un dyamant

Plus dure qu'un dyamant
Ne que pierre d'aÿmant
Est vo durté,
Dame, qui n'avez pité
De vostre amant
Qu'ociés en desirant
Vostre amitié.

Dame, vo biauté
Qui toutes passe, à mon gré,
Et vo samblant
Simple et plein d'umilité,
De douceur fine paré,
En sousriant,
Par un acqueil attraiant,
M'ont au cuer en regardant
Si fort navré
Que ja mais joie n'avré,
Jusques à tant
Que vo grace qu'il atent
M'arez donné.
Plus dure qu'un dyamant
Ne que pierre d'aÿmant
Est vo durté,
Dame, qui n'avez pité
De vostre amant
Qu'ociés en desirant
Vostre amitié.

J'ay humblement enduré
L'amoureus mal et porté,
En attendant
Vostre bonne volenté
Que j'ay et tous cas trouvé
Dure et poingnant.
Et quant tous en vo commant
Suis, je me merveil comment
Vostre bonté
M'a se grace refusé,
Quant en plourant
Vous ay et en souspirant
Merci rouvé
Plus dure qu'un dyamant.

Helas! dame, conforté
Ne m'avez en ma grieté,
Ne tant ne quant,
Eins m'avez desconforté,
Si que tout deconfort hé.
Mais nompourquant
J'ameray d'or en avant
Plus fort qu'onques mais, et que quant
Mort en miné
M'ara vostre cruauté
Qui m'est trop grant,
Lors sera bien apparant
Ma loyauté.
Plus dure qu'un dyamant
Ne que pierre d'aÿmant
Est vo durté,
Dame, qui n'avez pité
De vostre amant
Qu'ociés en desirant
Vostre amitié.



Du même auteur :
Dame, ne regardez pas
De Fortune me dois plaindre et louer
Douce dame jolie
J'aime mieux languir
Ma fin est mon commencement
Mort suis si je ne vous vois
Phyton le Mervilleus serpent
Plus dure qu'un dyamant
Riches d'amour et mendians d'amie
Rose, liz, printemps, verdure
Tres douce dame que j'aour

Rimbaud - Bannières de mai


    Louis Oscar Griffith - Matin de mai

Ecouter la version chantée
Interprétation : Patrick Hamel
Composition : Patrick Hamel
- Diffusé par DEEZER -




Arthur Rimbaud (1854-1891)


Bannières de mai

Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.

Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
Je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
- Ah moins seul et moins nul ! - je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.

Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.


Verhaeren - Décembre


Une adaptation libre de Daniel Slowik
Musique: Daniel Slowik et John Hude
Chorégraphie: Julie Coulon
Chant: Justine Clercq et Sophie-Anne Descamps

Ecouter la version chantée
Interprétation : Anny et Jean-Marc Versini
Composition : Anny et Jean-Marc Versini
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version instrumentale
Composition : Anny et Jean-Marc Versini
- Diffusé par DEEZER -



Émile Verhaeren (1855-1916)


Décembre

- Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l'auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s'habille de feuilles mortes.

- Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.

- Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s'indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie.

- Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s'ouvrent pour vous loger chez nous.

- Levez, les gens, la barre en fer,
ouvrez, les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver.

- Entrez, la neige, entrez, la dame,
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l'âtre où vit la flamme.

Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes,
qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? -
pour les peines que nous avons par vous souffertes.



Du même auteur :
Décembre
Le ciel en nuit s'est déplié
Roses de juin
Ta bonté
Un matin

Seghers - Tzigane


    Pierre Seghers par Robert Doisneau

Ecouter sur DEEZER
Composé et Chanté
par Hélène Martin



Pierre Seghers (1906-1987)


Tzigane

Le coeur est fait de mille cordes
Qui se brisent en même temps
Ça fait un bruit épouvantable
Puis plus jamais on ne l’entend

Dans la forêt c’est un grand arbre
Les oiseaux y chantent dedans
On en fait du bois pour les tables
Les chiens s’y aiguisent les dents

On dira bien que les tziganes
Font revivre les coeurs perdus
C’est une histoire pour les dames
N’en parlons plus, n’en parlons plus



Du même auteur :
La Gloire
Merde à Vauban
Tzigane

Baudelaire - Chant d'automne



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Chelon

Ecouter sur DEEZER
Interprète : Berthe Montmart
Compositeur Gabriel Fauré



Charles Baudelaire (1821-1867)


Chant d'automne

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II

J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.

Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !



Ecouter sur DEEZER
Interprète : Michel Vivoux
Compositrice Hélène Triomphe

Baudelaire - La Destruction



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Chelon



Charles Baudelaire (1821-1867)


La Destruction

Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !


Aragon - Marguerite Marie et Madeleine



Ecouter la version chantée
Interprétation : Monique Morelli
Composition : Lino Leonardi
- Diffusé par DEEZER -




Louis Aragon - (1897-1982)

Le roman inachevé


Marguerite Marie et Madeleine

Marguerite Marie et Madeleine
Il faut bien que les soeurs aillent par trois
Aux vitres j’écris quand il fait bien froid
Avec mon doigt leur nom dans mon haleine

Pour le bal de Saint-Cyr elles ont mis
Trois des plus belles robes de Peau d’Âne
Celle couleur de la route océane
Celle de vent celle d’astronomie

Comment dormir à moins qu’elles ne viennent
Me faire voir leurs souliers de satin
Qui vont danser danser jusqu’au matin
Pas des patineurs et valses de Vienne

Marguerite Madeleine et Marie
La première est triste à quoi songe-t-elle
La seconde est belle avec ses dentelles
À tout ce qu’on dit la troisième rit

Je ferme les yeux je les accompagne
Que les Saint-Cyriens avec leurs gants blancs
Que les Saint-Cyriens se montrent galants
Ils offriront aux dames du champagne

Chacune est un peu pour eux Cendrillon
Tous ces fils de roi d’elles s’amourachent
Si jeunes qu’ils n’ont barbe ni moustache
Mais tout finira par un cotillon

La vie et le bal ont passé trop vite
La nuit n’a jamais la longueur qu’on veut
Et dans le matin défont leurs cheveux
Madeleine Marie et Marguerite


Machaut - Rose, liz, printemps, verdure



Ecouter la version chantée
Interprétation : The Folger Consort
Composition : Guillaume de Machaut
- Diffusé par DEEZER -




Guillaume de Machaut - (vers 1300-1377)


Rose, liz, printemps, verdure

Rose, liz, printemps, verdure,
Fleur, baume et tres douce odour,
Bele, passés en douçour,

Et tous les biens de Nature,
Avez dont je vous aour.
Rose, liz, printemps, verdure,
Fleur, baume et tres douce oudour.

Et quant toute creature
Seurmonte vostre valour,
Bien puis dire et par honnour:
Rose, liz, printemps, verdure,
Fleur, baume et tres douce oudour,
Bele, passés en douçour.



Du même auteur :
Dame, ne regardez pas
De Fortune me dois plaindre et louer
Douce dame jolie
J'aime mieux languir
Ma fin est mon commencement
Mort suis si je ne vous vois
Phyton le Mervilleus serpent
Plus dure qu'un dyamant
Riches d'amour et mendians d'amie
Rose, liz, printemps, verdure
Tres douce dame que j'aour

Charles Guérin - Le lait des chats





Charles Guérin (1873-1907)


Le lait des chats

Les chats trempent leur langue rose
Au bord des soucoupes de lait ;
Les yeux fixés sur le soufflet,
Le chien bâille en songeant, morose.

Et tandis qu’il songe et repose
Près de la flamme au chaud reflet,
Les chats trempent leur langue rose
Au bord des soucoupes de lait.

Dans le salon, seul le feu glose ;
Mère-grand dit son chapelet,
Suzanne dort sur un ourlet,
Et dans le lait, paupière close,
Les chats trempent leur langue rose.




Mis en musique et interprété par André Guardiola

Aragon - Les larmes se ressemblent


    Les troupes françaises à Mayence en 1930

Ecouter la version chantée
Interprétation : Marc Ogeret
Composition : Marc Robine
- Diffusé par DEEZER -



Louis Aragon - (1897-1982)

Les Yeux d'Elsa


Les larmes se ressemblent

Dans le ciel gris des anges de faïence
Dans le ciel gris des sanglots étouffés
Il me souvient de ces jours de Mayence
Dans le Rhin noir pleuraient des filles-fées

On trouvait parfois au fond des ruelles
Un soldat tué d'un coup de couteau
On trouvait parfois cette paix cruelle
Malgré le jeune vin blanc des coteaux

J'ai bu l'alcool transparent des cerises
J'ai bu les serments échangés tout bas
Qu'ils étaient beaux les palais les églises
J'avais vingt ans Je ne comprenais pas

Qu'est-ce que je savais de la défaite
Quand ton pays est amour défendu
Quand il te faut la voix des faux-prophètes
Pour redonner vie à l'espoir perdu

Il me souvient de chansons qui m'émurent
Il me souvient des signes à la craie
Qu'on découvrait au matin sur les murs
Sans en pouvoir déchiffrer les secrets

Qui peut dire où la mémoire commence
Qui peut dire où le temps présent finit
Où le passé rejoindra la romance
Où le malheur n'est qu'un papier jauni

Comme l'enfant surpris parmi ses rêves
Les regards bleus des vaincus sont gênants
Le pas des pelotons à la relève
Faisait frémir le silence rhénan


Jammes - Je garde une médaille d'elle


    Lili Boulanger

Ecouter la version chantée
Interprétation : Jean-Paul Fouchécourt
Composition : Lili Boulanger
- Diffusé par DEEZER -



Francis Jammes (1868-1938)


Je garde une médaille d'elle

Je garde une médaille d'elle où sont gravés
une date et les mots: prier, croire, espérer.
Mais moi, je vois surtout que la médaille est sombre:
son argent a noirci sur son col de colombe.



Du même auteur :
Entre (L'évier sent fort)
Je garde une médaille d'elle
Laisse les nuages
Le vent triste
Nous nous aimerons tant
Prière
Prière à Marie

Mallarmé - Soupir


    Odilon Redon - Flower Clouds (1903)

Ecouter sur DEEZER
Composition : Maurice Ravel
Interprétation : SWR Vokalensemble



Stéphane Mallarmé - Parnasse contemporain (1864)


Soupir

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur!

Vers l'azur attendri d'octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se trainer le soleil jaune d'un long rayon.



Du même auteur :
Apparition
Autre éventail
Brise Marine
Départ
Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Le vitrier
Offert avec un verre d'eau
Renouveau
Soupir
Tristesse d'été

Verlaine - Dans l'interminable ennui de la plaine



Ecouter la version chantée
par Marc Robine
Composition : Hélène Triomphe
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter la version chantée
Interprétation : Mireille Delunsch
Composition : Louis Vierne
- Diffusé par DEEZER -



Paul Verlaine - Romances sans paroles


Dans l'interminable ennui de la plaine

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable . . .


Brassens - Le 22 septembre



Ecouter la version complète composée
et interprétée par Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -




Georges Brassens - (1921-1981)


Le vingt-deux septembre

Un vingt-deux septembre au diable vous partîtes,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Désormais, le petit bout de coeur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Et c'est triste de n'être plus triste sans vous.


Armand Silvestre - Automne


    Automne en Normandie - (c) Olivier Danbricourt

Ecouter la version chantée
Interprétation : Barbara Hendricks
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter la version chantée
Interprétation : Hugues Cuénod
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -



Armand Silvestre (1837-1901)


Automne

Automne au ciel brumeux, aux horizons navrants.
Aux rapides couchants, aux aurores pâlies,
Je regarde couler, comme l'eau du torrent,
Tes jours faits de mélancolie.

Sur l'aile des regrets mes esprits emportés,
-Comme s'il se pouvait que notre âge renaisse!-
Parcourent, en rêvant, les coteaux enchantés,
Où jadis sourit ma jeunesse!

Je sens, au clair soleil du souvenir vainqueur,
Refleurir en bouquet les roses deliées,
Et monter à mes yeux des larmes, qu'en mon coeur,
Mes vingt ans avaient oubliées!



Du même auteur :
Aurore
Automne
Le plus doux chemin
Le ramier
Le secret
Le voyageur
Madrigal
Noël d'amour
Noël païen
Pensée de printemps
Tristesse
Voici que les grands lys

Desnos - Le poème à Florence


    Robert Desnos par Raphaël Gauthey

Ecouter la version chantée
Interprétation : Marc Robine
Composition : Marc Robine
- Diffusé par DEEZER -



Robert Desnos (1900-1945)


Le poème à Florence

Comme un aveugle s’en allant vers les frontières
Dans les bruits de la ville assaillie par le soir

Appuie obstinément aux vitres des portières
Ses yeux qui ne voient pas vers l’aile des mouchoirs

Comme ce rail brillant dans l’ombre sous les arbres
Comme un reflet d’éclair dans les yeux des amants
Comme un couteau brisé sur un sexe de marbre
Comme un législateur parlant à des déments

Une flamme a jailli pour perpétuer Florence
Non pas celle qui haute au détour d’un chemin
Porta jusqu’à la lune un appel de souffrance
Mais celle qui flambait au bûcher quand les mains

Dressées comme cinq branches d’une étoile opaque
Attestaient que demain surgirait d’aujourd’hui
Mais celle qui flambait au chemin de saint Jacques
Quand la déesse nue vers le nadir a fui

Mais celle qui flambait aux parois de ma gorge
Quand fugitive et pure image de l’amour
Tu surgis tu partis et que le feu des forges
Rougeoyait les sapins les palais et les tours

J’inscris ici ton nom hors des deuils anonymes
Où tant d’amantes ont sombré corps âme et biens
Pour perpétuer un soir où dépouilles ultimes
Nous jetions tels des os nos souvenirs aux chiens


Tu fonds tu disparais tu sombres mais je dresse
Au bord de ce rivage où ne brille aucun feu
Nul phare blanchissant les bateaux en détresse
Nulle lanterne de rivage au front des boeufs

Et je dresse aujourd’hui ton visage et ton rire
Tes yeux bouleversants ta gorge et tes parfums

Dans un olympe arbitraire où l’ombre se mire
Dans un miroir brisé sous les pas des défunts

Afin que si le tour des autres amoureuses
Venait avant le mien de s’abîmer tu sois
Et l’accueillante et l’illusoire et l’égareuse
La soeur des mes chagrins et la flamme à mes doigts

Car la route se brise au bord des précipices
Je sens venir les temps où mourront les amis
Et les amantes d’autrefois et d’aujourd’hui
Voici venir les jours de crêpe et d’artifice

Voici venir les jours où les oeuvres sont vaines
Où nul bientôt ne comprendra ces mots écrits
Mais je bois goulûment les larmes de nos peines
Quitte à briser mon verre à l’écho de tes cris

Je bois joyeusement faisant claquer ma langue
Le vin tonique et mâle et j’invite au festin
Tous ceux-là que j’aimai, ayant brisé leur cangue
Qu’ils viennent partager mon rêve et mon butin

Buvons joyeusement ! chantons jusqu’à l’ivresse !
Nos mains ensanglantées aux tessons des bouteilles
Demain ne pourront plus étreindre nos maîtresses.
Les verrous sont poussés au pays des merveilles.


Nerval - La damnation de Faust (2)


    Gabriel Bacquier dans "I Puritani" de Bellini (1964)

Ecouter sur DEEZER
Interprète : Gabriel Bacquier
Compositeur : Hector Berlioz




Gerard de Nerval - (1808-1855)

d'après le Faust de Goethe


Une puce gentille

Une puce gentille
Chez un prince logeait,
Comme sa propre fille,
Le brave homme l'aimait,
Mais l'histoire l'assure
Par son tailleur, un jour,
Lui fit prendre mesure
Pour un habit de cour.

L'insecte, plein de joie,
Dès qu'il se vit paré
D'or de velours, de soie,
Et de croix décoré,
Fit venir de province
Ses frères et ses soeurs
Qui, par ordre du prince,
Devinrent grands seigneurs.

Mais ce qui fut bien pire,
C'est que les gens de cour,
Sans en oser rien dire,
Se grattaient tout le jour...
Cruelle politique!
Ah plaignons leur destin
Et dès qu'une nous pique
Écrasons la soudain.


Marot - D'Anne jouant de l'épinette


                    Anne de Pisseleu par Clouet

Ecouter la version chantée
Interprétation : Gérard Souzay
Composition : Maurice Ravel
- Diffusé par DEEZER -




Clément Marot - (1496-1544)


D'Anne jouant de l'épinette

Lorsque je vois en ordre la brunette,
Jeune, en bon point, de la ligne des dieux,
Et que sa voix, ses doigts et l'épinette
Mènent un bruit doux et mélodieux,
J'ai du plaisir, et d'oreilles et d'yeux,
Plus que les saints en leur gloire immortelle,
Et autant qu'eux je deviens glorieux
Dès que je pense être un peu aimé d'elle.





                Interprété par Zehava Gal - Mezzo-Soprano

Brassens - Il suffit de passer le pont



Ecrit composé et interprété
par Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -



Georges Brassens (1921-1981)


Il suffit de passer le pont

Il suffit de passer le pont.
C'est tout de suite l'aventure!
Laisse-moi tenir ton jupon,
Je t'emmène visiter la nature!
L'herbe est douce à Pâques fleuries...
Jetons mes sabots, tes galoches,
Et, légers comme des cabris,
Courons après les sons de cloches!
Ding ding dong! les matines sonnent
En l'honneur de notre bonheur.
Ding ding dong! faut le dire à personne:
J'ai graissé la patte au sonneur.

Laisse-moi tenir ton jupon.
Courons, guilleret, guillerette,
Il suffit de passer le pont.
Et c'est le royaume des fleurettes...
Entre toutes les belles que voici.
Je devine celle que tu préfères...
C'est pas le coquelicot, Dieu merci!
Ni le coucou, mais la primevère.
J'en vois une blottie sous les feuilles.
Elle est en velours comme tes joues.
Fais le guet pendant que je la cueille:
"Je n'ai jamais aimé que vous!"

Il suffit de trois petits bonds,
C'est tout de suite la tarentelle,
Laisse-moi tenir ton jupon.
Je saurai ménager tes dentelles...
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui faire jouer une aubade.
Lors, ma mie, sans croire au danger.
Faisons mille et une gambades.
Ton pied frappe et frappe la mousse...
Si le chardon s'y pique dedans,
Ne pleure pas, ma mie qui souffre:
Je te l'enlève avec les dents!

On n'a plus rien à se cacher.
On peut s'aimer comme bon nous semble.
Et tant mieux si c'est un péché:
Nous irons en enfer ensemble!
Il suffit de passer le pont.
Laisse-moi tenir ton jupon.